lundi 27 octobre 2014

Stage d'orthopédie, Acte I

Quand j’ai rencontré l’urologue, nos conversations m’ont rapidement confrontée à une évidence : mes connaissances en anatomie étaient absolument lamentables. En vérité, pour décrire la machine humaine, je ne disposais presque que de la comptine anglaise de mes 5 ans :

Head,
Shoulders,
Knees and toes,
Knees and toes.

RIP mes cours de bio du lycée, mon homme prononçait « uretère », moi j’entendais « urètre » et je ne savais de toute façon placer ni l’un ni l’autre. Idem pour les reins que, dans mon esprit, j’avais agencés de manière tout à fait inédite. 

Du coup, quand il intégra un service d’orthopédie dans le cadre de son parcours de chirurgie générale, je me dis que là, je saurais être au niveau.

Le bras, j'ai. Pareil pour le pied, c’est acquis. Le genou, c’est dans la comptine donc c’est bon aussi.

Après 2 ou 3 recherches Google, je me sentis même prête à prononcer - non sans une certaine hardiesse - les mots « phalange » et « trapézoïde ».

lundi 20 octobre 2014

De la chance de vivre avec des ordonnances


À 5 heures ce matin, ce n’est pas un coup de fil de l’hosto mais un mini vent de panique qui me tire du sommeil. Aujourd’hui, je dois recommencer ma pilule. Sauf qu’évidemment je n’ai plus d’ordonnance valable.

En langage de fille, ça veut dire que je suis dans la merde.

Il va falloir s’organiser (à la bonne heure). Je réfléchis rapidement à l’opération commando qui se prépare. D’abord retrouver la carte des pharmacies parisiennes où je ne suis pas déjà cramée. Ensuite identifier ma prochaine cible et enfin faire le choix d’un mensonge dans la panoplie des excuses bidon.

lundi 13 octobre 2014

Astreinte, sommeil et torsion de testicule

Vivre en couple, c'est accepter que son sommeil soit parfois brutalisé. Les causes classiques de ce scandale : une envie soudaine de câliner l'autre, ce qui est cool, ou d’uriner, ce qui l’est moins, voire un cauchemar épouvantable qu’il faut immédiatement partager (« C'était horrible, elle était là, dans le coin, avec ses huit grosses pattes velues. »). Chez moi, c’est surtout le téléphone qui fracasse le sommeil les soirs d’astreinte. 

Le principe de l’astreinte : l’interne rentre chez lui après le boulot (à la différence d’une garde) mais il reste disponible toute la nuit. Toute la nuit. Qu’il soit 1 heure, 2 heures, 3 ou 5, l’hôpital n’a aucune pitié pour ceux qui vivent avec des internes.

Officiellement détentrice du sommeil le plus léger de l'hémisphère nord, je m'éveille généralement au moment même où retentit la sonnerie de téléphone. Le médecin répond une première fois, raccroche, répond une seconde fois, re-raccroche et ainsi de suite jusqu’à 5 heures les nuits où la chance est manifestement partie faire la teuf. D’une voix plus ou moins caverneuse, il dispense des instructions hyper précises alors qu’il faisait corps avec la couette 2 minutes auparavant.

De temps en temps, la conversation s’éternise, ou même s’envenime, et je comprends que Morphée prend très clairement la poudre d’escampette.  

Moi : Naaaan mais reste, ça va passer ! 
Morphée : C'est ça ouais. J’ai croisé la chance, elle danse sur du Villalobos. 
Putain.

mercredi 8 octobre 2014

Hôpital, fesses et ratatouille

Les hôpitaux recèlent d’épisodes fantastiques de la créativité humaine. Naïve, je ne soupçonnais par exemple pas l’imagination – et l’ineptie - des gens qui cherchent à se mettre des choses dans les fesses.

Il y a quelque temps, alors que je prépare le dîner, mon mec m’appelle et me dit qu’il aura du retard. Comme sur l'échelle de mes qualités, la patience n'est clairement pas en pole position, je me mets immédiatement à râler. Faut dire que je suis là, avec les casseroles qui chauffent et la seule poêle dont je dispose, une minuterie dans la tête à me demander quand caler la viande par rapport au reste. C’est le bazar dans la minuscule pièce qui fait office de cuisine-laverie, je ne trouve déjà plus le sel et il ne reste que 4 gouttes d’huile d’olive quand il m’annonce : « C’est parce que je dois retirer une carotte du colon d’un type qui se l’est enfoncée il y a 2 jours ».

lundi 6 octobre 2014

Le jackpot

Pour qui n’a pas grandi dans un milieu médical, n’a pas d’oncle médecin, de tante infirmière ni de soeur interne, l’hôpital est un lieu inconsistant dont on a seulement foulé les couloirs après s’être cassé le bras au ski ou avoir rendu visite à une grand-mère souffrante.

Cet endroit, c’est un peu le magasin Sephora de la maladie avec ses odeurs chlorées qui font clamser les narines à peine le seuil franchi et dont le vert clair des murs est si angoissant que même Valérie Damidot n’oserait l'imposer à ses adeptes du marouflage.

Bref, c’est un lieu pourri.

En tout cas, l’hôpital pour moi, c’était ça avant que je rencontre un interne en urologie.